Merel ouvrit la porte de l’auberge de l’ORE, épuisé par son long voyage. Il était las en cette nuit d’hiver. Il s’approcha d’une table libre près d’un âtre chaleureux et, tout en s’asseyant sur la banquette de bois, poussa un long soupir de tristesse. Il enleva ses gants, les posa sur la table, et dégrafa la fibule qui maintenait sa cape sur ces épaules. Il retira ensuite son ceinturon et déposa son arme, une magnifique épée, adossée contre la table. Les récents évènements ne lui avait pas encore permis de la nettoyée ; ni lui d’ailleurs. Des tâches de sang récentes luisaient sur sa cotte de maille à la lueur du feu de cheminée.
Il fit un signe au tavernier qui était derrière son comptoir et attendit en silence.
« Bonsoir Messire, que puis-je vous servir ? » Demanda l’aubergiste.
Merel réfléchit quelques instants. Il n’avait pas mangé depuis ce matin mais son estomac était trop noué pour ça.
Pas grave, pensa-t-il, je mangerais demain.
« Apportez moi une bouteille d’hypocras s’il vous plait » Répondit Merel.
L’aubergiste retourna vers son comptoir et revint quelques instants plus tard avec une bouteille et un verre. Il posa le tout sur la table et retourna à ses occupations.
Merel se servit un premier verre qu’il bût d’un trait. Il attendit quelques instants, sentant descendre le long de sa gorge se liquide qui le réchauffait et en repris un deuxième; puis un troisième.
Le tavernier de l’ORE observait discrètement Merel tout en essuyant des verres. Même si c’était la première fois qu’il voyait Merel, il connaissait par cœur les exilés qui passaient par sa taverne et connaissait que trop bien ces symptômes. Un combat douloureux à l’autre bout du Royaume d’Alidhan. L’aubergiste posa ses verres et revint vers Merel en déclarant :
« Messire, puis-je m’asseoir avec vous et partager un petit verre ? J’ai un peu froid et le feu de cheminée me réchauffera. »
L’aubergiste savait depuis le temps comment approcher ses rudes combattants. Un petit mensonge, quelques minutes de silence et il savait que Merel parlerait.
Merel inclina la tête en signe d’acquiescement. Le tavernier prit une chaise à une table voisine, rapporta un verre et rejoignit Merel. Sans dire un mot il se servit du précieux breuvage et commença à boire tranquillement. Quelques minutes passèrent dans le silence comme l’aubergiste l’avait prévu. Mais Merel n’était pas comme les autres et il ne parla pas. Au bout d’un moment, l’aubergiste prit alors la parole :
« Ca n’a pas l’air d’aller bien fort Messire. Quelque chose vous contrarie ? »
Merel releva alors la tête. Il était plongé dans ces pensées et avait complètement fait abstraction de l’aubergiste. Un peu surpris de le trouver encore à sa table il bafouilla :
« Euh oui, mauvaise soirée. »
L’aubergiste attendit la suite en se resservant un verre.
« Mais je ne voudrais pas vous embêter avec mes histoires. Vous devez en avoir sûrement assez de tous ces hommes qui vous racontent leur vie » continua Merel.
« Vous savez, à cette heure ci il n’y a plus de client et ça ne me dérange pas du tout de connaître un peu les hommes qui fréquentent mon établissement. Que vous est-il arrivé ce soir ? » Répondit l’aubergiste.
Merel poussa un soupir de lassitude, ferma les yeux quelques instants pour faire ressurgir ces récents souvenirs et commença son récit.
« Nous avions prévus avec quelques guerriers exilés de faire un raid parmi les membres du Cartel ce soir. Nous nous étions donné rendez-vous à la tombé de la nuit, au Nord de l’auberge, dans la première vallée de Ceth. Je suis arrivé le premier sur le lieu du rassemblement. J’ai coupé quelques Chamallas en attendant les autres. Puis j’ai vu apparaître dans la pénombre mon premier compagnon d’arme. Vous devez sûrement la connaître. Il s’agissait de Tweety, baronne de la guilde Magical Power. Nous commençâmes à discuter de la stratégie du raid quand notre deuxième compagnon arriva. Un autre membre de sa guilde nommé Exodius. Il était également prévu que Pierrafeu nous accompagne mais Tweety avait eu une missive comme quoi il ne pourrait finalement pas nous accompagner. Nous attendions donc tous les trois notre dernier compagnon, un moine de la même guilde, Tassadar, qui était retenu ailleurs pour des soins à ce que j’ai compris. Après quelques instants de discussion, ce moine vint nous rejoindre et nous partîmes en direction de Cyrosh. Nous étions donc quatre au total. Trois membres de la guilde Magical Power dont la baronne, et moi-même, baron de la guilde Les Chevaliers. Nous passâmes d’abord par la deuxième vallée de Ceth où quelques membres du Cartel traînaient… Nous avons pu y faire nos premières victimes, motivés de se retrouvés ensemble pour ce raid.
Puis vint le passage près de l’étang, la troisième vallée de Ceth, à l’entrée de Cyrosh. Les membres du Cartel fuyaient devant nous, essayant de se réfugier dans leur ville. Tweety prit alors la direction des opérations. Elle réussit à tuer seule le gardien protégeant la ville des assauts ennemis grâce à sa puissante magie et aux soins prodigués par Tassadar. Pendant ce temps, Exodius et moi-même gardions les abords de la ville, refoulant les tentatives carteloises pour sortir.
Enfin vint le moment tant attendu ! Le gardien fut tué et nous pûmes pénétrer au cœur de Cyrosh. Nous partîmes chacun dans des directions différentes, poursuivant les membres du Cartel assez fort pour garder l’honneur des exilés intact. A ce que je sais, Exodius et Tassadar partirent de leur côté pour tuer le plus grand nombre de guerriers ennemis. Quant à Tweety, elle se rendît auprès de Rumas, le forgeron de Cyrosh. Personnellement, je rejoignis la plaine où le gardien des Cartels résidait. Les premiers combats furent âpres entre cette créature et moi. Il en vint 3 en peu de temps. Je réussi néanmoins à me débarrasser d’elles sans trop de problème. J’étais plus anxieux quand à la riposte qu’elles pouvaient me faire qu’à la quantité présente en ces lieux. J’eu même le temps de récupérer leur cœur avant la deuxième vague. C’est à ce moment que Tweety vint me rejoindre. Elle surveillait mes arrières pendant que je livrais bataille au cas où de perfides cartellois viendraient briser notre quiétude. Cette deuxième vague fut composée également de 3 gardiens que je pus tuer. J’eu à peine le temps de récupérer leurs coeurs qu’une troisième vague survint. 6 gardiens en peu de temps. Avec l’aide de quelques chamallas je réussis à panser mes plaies et à les vaincre. Mais je n’eus point le temps de ramasser les cœurs qu’une dernière vague arriva. Je finis le travail sous les yeux de Tweety, toujours présente à mes côtés. Exodius et Tassadar avaient quand à eux déjà quitter la ville. Une fois les dix cœurs en ma possession, je me rendis également chez le forgeron Rumas pour une formalité. J’en profita pour mettre à mort quelques cartellois de plus puis me rendit auprès de Tweety vers la sortie de la ville. Une fois prêt tous les deux, nous quittâmes les lieux en laissant derrière nous les ravages de notre passage. Même si les membres du Cartel s’en remettront rapidement, nous avons vengé la mort de bien des exilés ce soir. Malheureusement sur le chemin nous ramenant à Merulik, nous fûmes attaqué, Tweety et moi par un puissant mage du Cartel nommé Choutatix. A l’instant où il nous a vu, il a foncé sur nous, ne nous laissant que peu d’espoir. Le combat s’engagea entre cet ennemi et nous mais il eut rapidement le dessus. Malgré mon attaque sur le mage, il parvint à lancer son sort en direction de Tweety qui s’effondra sur le sol. Le combat étant trop inégal, je décidais à ce moment là de rompre les rangs et de rejoindre la taverne. Je ne peux que déplorer cette mort en fin de journée alors que tout avait si bien commencé….»
Merel arrêta là son récit. Un silence de plomb régnait maintenant dans l’auberge. L’aubergiste prit alors la parole et déclara :
« Vous avez fait ce que vous pouviez Messire. Vous n’avez rien à vous reprocher. »
Merel hocha la tête doucement et répondit :
« Oui, je le sais. Mais quand une personne vous accompagne pour un raid et qu’elle y laisse la vie pour vous protéger et vous permettre de rapporter des coeurs, vous avez forcément des remords. »
Merel remplit alors les deux verres d’hypocras et, levant son propre verre déclara :
« Je bois à la santé de l’ORE et de Tweety. Que sa gentillesse, sa patience et sa force accompagnent d’autres membres exilés ! Il ont eu peut être l’un d’entre nous mais dans le même temps j’ai réussi à tuer vingt et un cartellois ! »
« Amen » répondit le tavernier.
Ils finirent leurs verres en même temps et le silence reprit sa place dans l’auberge. Le tavernier se leva pour retourner à son comptoir. Merel prit son épée, remis son ceinturon, sa cape et ses gants, déposa quelques pièces sur la table et partit en direction de sa chambre. Il devait encore nettoyé son arme avant de se coucher…
Ven 11 Jan - 2:54